Audioprothésistes itinérants : Moovaudio condamné

Mise à jour le 10/01/2023 Le verdict est tombé. Le lundi 9 janvier 2023, Nicolas Perez, le gérant de l’escroquerie Moovaudio, a été condamné par le tribunal correctionnel de Bordeaux à trois ans de prison avec sursis (contre les cinq ans dont deux fermes qui avaient été requis), une interdiction d’exercer une activité paramédicale pour cinq ans et de gérer une entreprise pour quinze ans.

Publié le 10 janvier 2023

Audioprothésistes itinérants : Moovaudio condamné

« De façon éhontée, vous avez porté atteinte à l’intérêt des patients et au contrat social qui repose sur la confiance envers les médecins », a déclaré le juge avant d’ajouter, à l’attention des avocats des prévenus, « remarquez que nous avons abaissé la peine de cinq à trois ans de prison ». L’épouse du principal prévenu et deux anciens salariés ont aussi été condamnés à des peines de six mois de prison avec sursis, et cinq ans d’interdiction d’exercice d’une profession paramédicale. L’un d’entre eux devra aussi régler une amende de 50 000 €. L’entreprise est également condamnée à une amende de 300 000 € dont 150 000 avec sursis et le tribunal a ordonné sa fermeture définitive. Une peine jugée « sévère mais juste »par son avocate, Me Cazabonne « car ce n’est pas ce qui a été requis par le procureur et puis surtout on a le sentiment que l’on laisse encore une chance à monsieur, que ça a été une erreur de parcours et il aura l’occasion de démontrer ses efforts de réinsertion ».

Pour rappel, le 28 novembre, Sud Ouest avait relaté dans un article la mise en place de l’escroquerie Moovaudio, une société qui déployait des agents commerciaux dans des Ehpad pour vendre des aides auditives à des personnes âgées. Le montant total du préjudice s’élèverait à 1,6 millions d’euros. La quatrième chambre du tribunal correctionnel de Bordeaux a requis cinq ans de prison, dont deux fermes contre le gérant de l’entreprise Moovaudio, ainsi qu’une obligation d’indemniser les victimes. Le quotidien régional retrace l’histoire de Nicolas Perez, le gérant de Moovaudio, diplômé en optique, qui a embauché sa compagne et un couple d’amis afin de démarcher des Ehpad pour « réaliser des audiogrammes et proposer l’installation d’appareils ». En réalité, aucun des employés de la société ne possédait de diplôme en audioprothèse, ils étaient tous “agents co”. « ‘Agent co’ c’est pour agent commercial. Ils ont le même rôle que les audioprothésistes. Mais sans… » Le juge lève les yeux : « Mais sans ? » « Ben sans les diplômes ni la formation… », rapportent les journalistes de Sud Ouest. L’avocat du couple d’amis indique que ses clients ont entamé une formation pour devenir audioprothésiste… mais en Espagne.

Sous couverture de la CPAM
Pendant deux ans et demi, les quatre individus vont ainsi écumer plusieurs établissements, notamment grâce à l’envoi de prospectus indiquant « dépistage auditif gratuit de la CPAM ». Malheureusement pour les résidents d’Ehpad, tout ce système reposait sur une vaste anarque bien ficelée. Moovaudio n’était jamais citée, et les rares fois où le nom apparaissait, c’était en tant que « réseau national d’audioprothésistes ». Au bout de quelques mois, certaines personnes appareillées commencent à se plaindre et la société change alors de nom, sans pour autant abandonner les dossiers en cours. L’enquête de la PJ et la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Population) a dévoilé que Nicolas Perez est allé jusqu’à se bricoler un mail estampillé CPAM, avec lequel il démarchait les Ehpad, mais aussi de véritables audioprothésistes afin de récupérer leurs coordonnées, pour les utiliser afin d’obtenir les remboursements. Ils étaient ensuite domiciliés, évidemment sans le savoir, comme des ‘agents co’ pour apparaitre comme professionnels de santé aux yeux de la CPAM.

« Pas une arnaque à la base »
« Tout le monde me félicitait de ma réussite. Il y avait cette fierté mal placée », commente Nicolas Perez. Il précise avoir dissimulé l’arnaque à ses trois comparses, contre qui la procureure a requis dix-huit mois de prison avec un sursis probatoire, une obligation d’indemnisation, une interdiction de gérer une entreprise pendant quinze ans et d’exercer une activité paramédicale pendant cinq ans. Le fondateur qui cumule une avalanche de chefs d’accusation, risque cinq ans de prison dont trois avec sursis probatoire et les mêmes interdictions et obligations. L’avocat du principal prévenu explique qu’il ne s’agit pas « d’une escroquerie préméditée. Au départ, Nicolas Perez avait un associé qui était bien audioprothésiste mais il n’est pas resté dans la société. » Moovaudio encourt 500 000 € d’amende. Le délibéré aura lieu le 9 janvier prochain.

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