Les recommandations de The Shift Project pour réduire l’impact carbone des aides auditives

The Shift Project publie ses recommandations pour réduire l’empreinte carbone des dispositifs médicaux. Pour les aides auditives, le rapport propose plusieurs leviers d’action, de l’allongement de la durée de vie des appareils à l’optimisation de leur transport.

Par Lucien Brenet, publié le 02 juillet 2025

Les recommandations de The Shift Project pour réduire l’impact carbone des aides auditives

L’association de Jean-Marc Jancovici, The Shift Project, a publié son rapport sur la décarbonation de l’industrie des dispositifs médicaux, dans le cadre de « Décarbonons la France », son programme d’action pour 2027 visant à élaborer des propositions concrètes afin d’influencer les prochaines élections présidentielles.

Un long chapitre est consacré aux aides auditives. The Shift Project rappelle que les troubles auditifs concernent un quart des 18-75 ans, et que pas moins de 1,56 million d’aides auditives sont produites chaque année pour répondre à la demande.

Un besoin de santé à l’impact environnemental

Un besoin de santé, certes, mais avec un impact environnemental. « Nous estimons que la production des aides auditives consommées en France est responsable de l’émission de 11 ktCO₂e par an (kilotonnes d’équivalent CO₂) », indique le rapport. En cause : les piles zinc-air, à renouveler régulièrement — 32 millions de piles auditives sont produites chaque année pour répondre à la consommation française.

Pour les aides auditives fonctionnant à batterie, les émissions de carbone proviennent principalement de la production des boîtiers de recharge, des chargeurs et du transport. D’après des estimations issues des données des douanes françaises et d’Eurostat, 94 % des aides auditives à batterie sont importées, et 90 % de ces importations sont réalisées par fret aérien lorsqu’elles proviennent d’un pays hors de l’Union européenne.

Repenser le renouvellement des aides auditives

The Shift Project avance plusieurs leviers pour réduire jusqu’à 79 % l’empreinte carbone des aides auditives d’ici 2025. Le premier consiste à augmenter la durée de vie des appareils. Alors que le délai minimal de renouvellement pour bénéficier d’un remboursement est fixé à quatre ans, le rapport estime que « la plupart des composants électroniques embarqués dans les aides auditives possèdent une longévité supérieure à quatre ans ». Les pannes, quant à elles, sont souvent liées à des éléments remplaçables, comme les écouteurs.

The Shift Project recommande donc d’intégrer les réparations dans les forfaits de remboursement de la Liste des Produits et Prestations (LPP), afin de mieux valoriser ces actes. Il plaide aussi pour la mise en place d’un indice de réparabilité, permettant aux professionnels et aux utilisateurs de s’orienter vers des modèles plus durables.

Sur la question du renouvellement systématique, le think tank propose de conditionner celui-ci à « une validation des bénéfices sanitaires par un ORL ou à un justificatif de panne fourni par l’industriel », plutôt qu’à une échéance automatique tous les quatre ans.

En finir avec les piles ?

The Shift Project estime également que les appareils rechargeables doivent être préférés à ceux fonctionnant avec des piles jetables. « Cependant, cette transition risque d’être entravée, principalement parce que les appareils proposés dans le cadre du 100 % Santé sont majoritairement à piles », reconnaît le think tank, qui appelle les fabricants à développer des aides auditives rechargeables compatibles avec ce dispositif.

Concernant les aides rechargeables, l’uniformisation des boîtiers de recharge permettrait de réutiliser les chargeurs existants, limitant ainsi la production de nouveaux équipements et les déchets électroniques. Rappelons que l’Union européenne a adopté en 2024 l’USB-C comme port de charge universel pour de nombreux appareils électroniques, dont les smartphones.

Repenser les transports

Autre poste important d’émissions carbone : le transport. Selon l’analyse du Shift Project, il est « essentiel que les industriels revoient leur stratégie logistique » en privilégiant le transport maritime. Plus lent mais bien plus efficace énergétiquement que le fret aérien pour les longs trajets, ce mode reste malgré tout polluant.

Outre ces actions déjà identifiées, le rapport suggère deux leviers supplémentaires comme organiser la collecte des dispositifs usagés pour réemploi ou récupération des pièces fonctionnelles, réduire la fréquence des livraisons aux audioprothésistes et électrifier les flottes de transport.

Des initiatives émergent dans l’industrie

De leur côté, les marques multiplient les initiatives en faveur de la réduction de leur impact environnemental. Au Danemark, WSA affirme occuper des bâtiments à bilan carbone neutre. D’autres acteurs, comme Starkey, accentuent les efforts de recyclage via leur fondation.

Plus récemment, Amplifon s’est félicité de sa nomination parmi les entreprises les plus éco-responsables au monde en 2025, selon le dernier classement du magazine Newsweek, qui sélectionne 750 entreprises engagées dans des actions concrètes pour réduire leur empreinte carbone et promouvoir des pratiques durables.

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