Matthew Allsop, « le gars de l'audition » sur YouTube
Matthew Allsop est un Youtubeur audiologiste qui réunit plus de 60 000 abonnés. Sur son compte et celui de HearingTracker, « The hearing guy » parle des aides auditives, de technologie, toujours avec bienveillance, pour permettre à ses patients comme aux autres de faire un choix éclairé.

Matthew Allsop est le YouTubeur en audiologie le plus suivi d'Europe.
DRQuiconque a le moindre besoin de chercher des explications décentes sur les technologies auditives actuelles a déjà rencontré Matthew Allsop, parfois connu sous le nom de « The Hearing Guy » (« le gars de l’audition »), mais désormais plus régulièrement fournisseur de vidéos pour la chaine HearingTracker, qui compte plus de 60 000 abonnés, où il officie en anglais sous-titré.
L’activité de Matthew sur YouTube l’occupe en dehors de son travail quotidien d’audiologiste au cabinet londonien Harley Street Hearing, dont il est l’un des associés. Cette aventure, démarrée sans grande ambition, a rapidement trouvé un large public et se développe encore.
S’il est rafraichissant de trouver une plateforme de médias sociaux habitée par une star de l’audition, Matthew Allsop ne s’embarrasse pas des gestes et des phrases galvaudés typiques de la plupart des influenceurs médiatiques ; sa présentation est calme et polie, sans être tape-à-l’œil, presque britannique à l’ancienne.
Le contenu de ses vidéos et la manière dont elles sont diffusées sont exempts des gesticulations du showbiz et de discours commercial. Il y parle du comment et du pourquoi du son étouffant des appareils auditifs, des problèmes de Bluetooth, de la bataille contre les acouphènes du batteur du groupe de rock Stereophonics, Jamie Morrison, ou encore de la manière de protéger son audition lors d’un saut en parachute, étant lui-même pratiquant.
La chaine YouTube de Matthew Allsop traite de technologie et du fonctionnement des aides auditives et est issue de sa pratique en centre auditif.DR
Alors, que se cache-t-il derrière l’aventure médiatique de Matthew Allsop ?
Audio infos : Avant de commencer ces vidéos sur les aides auditives, aviez-vous déjà travaillé en tant que communicateur, blogueur ou même acteur ?
Matthew Allsop : Je me souviens avoir lu dans l’introduction de l’un des livres de Jack Katz, Handbook of Clinical Audiology, que « l’audiologie, c’est 50 % de communication et 50 % de technique », et je dirais qu’en fait, elle penche encore plus vers la communication. En tant qu’audiologistes, nous passons nos journées à présenter, éduquer et communiquer des informations compliquées aux patients et à essayer de décomposer des idées complexes d’une manière simple et humaine. Mon parcours sur YouTube a commencé par une vidéo très simple destinée à un patient, lui expliquant comment coupler ses aides auditives à son téléphone. Une fois la vidéo mise en ligne, le nombre de vues a explosé et j’ai compris qu’il y avait une énorme occasion d’aider plus de personnes que celles que je pouvais voir en centre. Je suis très heureux de savoir qu’avec environ 250 000 vues par mois sur la chaine YouTube de HearingTracker, c’est un quart de million de personnes que j’aide, en plus de celles que je peux voir dans mon cabinet.
AI : Vous êtes très occupé en tant qu’audioprothésiste ; quelle part de votre temps consacrez-vous à la production de vos vidéos ?
M. A. : À l’heure actuelle, tout mon travail de production de vidéos se passe en dehors des heures d’ouverture des cliniques Harley Street Hearing et Musicians’ Hearing Services. Je suis toujours un audiologiste praticien, qui reçoit des patients en clinique chaque semaine, aux côtés d’une incroyable équipe d’audio- logistes et d’une équipe administrative qui assure le bon fonctionnement du cabinet en coulisses. Je ne pourrais pas faire l’un sans l’autre. En restant sur le terrain, mon contenu reste ancré dans le monde réel et je suis en mesure de partager les expériences de mes patients (positives et négatives) avec ceux qui recherchent des aides auditives en ligne.
Matthew Allsop dans son centre auditif. Matthew Allsop
AI : Vous approfondissez vos analyses et vos explications. Comment concevez-vous vos vidéos, qu’offrez-vous à votre public et pourquoi le faites-vous ?
M. A. : Le cœur de chaque vidéo est l’autonomisation. La technologie auditive change la vie, mais elle est souvent entourée de jargon, de bruit, de marketing et de confusion. Je veux que les téléspectateurs aient l’impression d’être entrés dans la salle de consultation avec moi : qu’ils entendent une explication honnête, détaillée et axée sur l’expérience de ce qu’un appareil peut ou ne peut pas faire pour eux. Je mets toujours l’accent sur la clarté, la confiance et l’indépendance. Je suis là pour servir. Je ne suis pas là pour vendre et je ne parle pas de ma pratique ; l’accent est mis sur la technologie, pas sur moi.
AI : Vous dites ne pas vous contenter de diffuser le discours commercial des fabricants, mais au contraire tester minutieusement les produits dans votre pratique. Vous parcourez même les forums à la recherche d’avis d’utilisateurs. Quels retours avez-vous des fabricants ?
M. A. : Les réactions des fabricants ont été… nuancées. Certains respectent l’honnêteté et considèrent qu’elle place la barre plus haut pour l’ensemble du secteur. D’autres, et c’est compréhensible, préfèrent une approche promotionnelle plus traditionnelle. Mais je crois que la confiance à long terme vaut plus que les applaudissements à court terme. J’essaie d’offrir un point de vue équilibré et j’ajoute mon opinion, mais il y a toujours des faits derrière mes déclarations. Je ne suis pas là pour servir les fabricants ; je suis là pour décomposer le monde inutilement compliqué des aides auditives, pour ceux qui cherchent la meilleure façon de prendre soin de leurs oreilles.
Les réactions du public sont extrêmement positives, ce qui m’encourage à produire davantage de contenu. J’aimerais encourager plus d’audiologistes à commencer à créer du contenu sur les technologies auditives, je trouve incroyable que, pour une industrie aussi importante, il n’y ait qu’une poignée de créateurs de contenu. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure, car je serais ravi de faire profiter de mon expérience, afin que vous n’ayez pas à commettre les mêmes erreurs que moi en cours de route.
AI : Vous auriez pu adopter le style audacieux d’un Monsieur Loyal au sourire étincelant, ou incarner un personnage réconfortant assis au coin du feu dans un pullover différent pour chaque vidéo… mais vous restez plutôt sobre. Est-ce parce que vous pensez que ce style correspond à la profession et au secteur ?
M. A. : L’audiologie mérite la même dignité et le même professionnalisme que ceux que nous accordons à toute autre science. Une présentation trop voyante ou trop gadget serait mal perçue. Mais surtout, je ne me sentirais pas à ma place. Le franc-parler n’est pas une stratégie, c’est ce que je suis ; si je devais me donner en spectacle, je m’essoufflerais rapidement.
AI : Bien que vous ne vous revendiquiez pas comme influenceur, vous exercez manifestement une influence. Outre le fait d’aider les personnes souffrant de perte auditive, qu’aimeriez-vous le plus façonner par le biais de vos vidéos ?
M. A. : Je n’avais jamais vraiment réfléchi à la raison pour laquelle je fais ce que je fais. Mon plus grand objectif est de briser la stigmatisation associée à la perte d’audition et au port d’appareils auditifs, et de faire comprendre aux gens que les appareils auditifs leur donnent en fait un superpouvoir. En tant qu’audiologistes, nous avons un don incroyable, celui de donner aux gens la possibilité de communiquer. Cependant, si nous ne parvenons pas à les sensibiliser et à leur faire franchir le seuil de la porte, tout cela ne servira à rien. Si mon travail peut établir une norme plus élevée pour la façon dont nous parlons de la technologie auditive, plus de transparence, plus de profondeur, plus de respect pour le public, alors je serai fier de cet héritage.
AI : Comment voyez-vous l’évolution des solutions auditives au cours de la prochaine décennie ? Vous avez souligné la qualité de certains appareils en vente libre, est-ce l’avenir ?
M. A. : Nous sommes à un véritable point d’inflexion. Les dispositifs en vente libre vont démocratiser l’accès, ce qui, à mon avis, n’est que positif. L’effet qu’ils ont eu aux États-Unis ces dernières années a montré qu’ils ne remplaceront pas le besoin de soins experts et personnalisés. Je vois l’avenir comme une succession de couches : avec des options technologiques en vente libre à une extrémité et des soins de première qualité pour les patients à l’autre. La technologie continuera à devenir plus intelligente, mais la véritable percée consistera à intégrer les soins auditifs dans la santé quotidienne, et non à les dissimuler ou à les retarder.
AI : Une grande partie de votre travail porte sur les problèmes d’audition des musiciens. Quelle est votre propre relation avec la musique ? Dans quelle mesure les besoins auditifs des personnes impliquées dans la musique sont-ils différents ?
M. A. : Mes 4 années de trombone ne valent pas vraiment la peine qu’on s’y attarde, mais la musique a toujours occupé une grande partie de ma vie. Au cabinet, nous nous concentrons fortement sur la protection auditive des musiciens et avons rencontré plus de 23 000 musiciens au cours des dernières années grâce à divers partenariats caritatifs dans lesquels nous sommes impliqués.
Comme vous le savez peut-être, du point de vue des aides auditives, les besoins auditifs des musiciens sont très différents de ceux du reste de la population. Il ne s’agit pas seulement de perte auditive, mais aussi de préserver ce qu’ils aiment. Travailler avec des musiciens nous pousse, en tant que cliniciens, à être plus précis, plus empathiques et plus créatifs. C’est l’un des aspects les plus gratifiants de mon travail.
AI : Est-ce que vous vous inscrivez dans la durée ? Vous voyez-vous faire ces vidéos quand vous aurez 50 ans, par exemple ? Ou peut-être y a-t-il une voie vers une plus grande plateforme médiatique pour vous ?
M. A. : Ha ha ! J’ai 40 ans aujourd’hui et, oui, je suis là pour le long terme. J’aime vraiment cet espace inexploré. Si vous m’aviez dit, lorsque j’ai commencé à créer du contenu, il y a quatre ans, que je serais invité au CES et au Parlement européen ou que je serais invité par chaque fabricant pour rencontrer certains des plus grands noms de l’audiologie, je ne vous aurais pas cru. Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend, mais je sais que j’aime ce que je fais et que j’ai hâte de voir où cela va me mener.
Matthew Allsop cherche à supprimer le jargon qui règne autour des aides auditives pour aider les patients à comprendre. Florence Smith
Biographie du YouTubeur européen le plus suivi dans le domaine des technologies auditives
Matthew Allsop est un audiologiste britannique, partenaire de Harley Street Hearing et de Musician’s Hearing Services, à Londres, et créateur de contenu pour la chaine YouTube HearingTracker.
Grâce à ce média Internet très apprécié, il s’est constitué une audience mondiale en proposant des évaluations honnêtes et fondées sur l’expérience des technologies auditives.
Défenseur passionné de l’amélioration de l’audiologie, Matthew a été formé à l’université de Manchester et a passé sa carrière à travailler avec des patients de tous horizons, y compris des musiciens et des artistes de premier plan.
En dehors de l’audiologie, c’est un parachutiste qualifié, un passionné de musique et un défenseur de l’idée de vivre pleinement sa vie, avec une audition saine.