Une perte de fibres du nerf auditif responsable des acouphènes chez des patients normo-entendants ?
Si le lien entre les acouphènes et les problèmes d'audition est bien connu, certains individus normo-entendants en souffrent également sans que l'on en connaisse clairement la raison. Du moins jusqu'à cette étude de l'Institut spécialisé Massachusetts Eye and Ear, publiée le 30 novembre dernier dans la revue Nature qui avance une raison plausible.
Une nouvelle qui fait grand bruit. Selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature et relayée par les médias nationaux, une nouvelle cause probable des acouphènes aurait été découverte.
Chez les personnes souffrant de perte auditive, les acouphènes entraînent une hyperactivité du tronc cérébral. Il s’agit en fait du cerveau qui cherche à compenser la perte d’audition. « Des activités anormales générées le long de la voie auditive peuvent alors être interprétées comme des sons par le système nerveux central, sans stimulation acoustique extérieure. Ces signaux sont perçus comme des bruits désagréables, voire insupportables : c’est l’acouphène », décrit l’Inserm.
Une hyperactivité cérébrale en cause
Pourtant, des personnes sans problèmes d’audition souffrent également d’acouphènes, et la raison demeurait inconnue jusqu’à cette étude de l’Institut spécialisé Massachusetts Eye and Ear publiée fin novembre. Professeur associé d’otolaryngologie à Harvard, directeur de la clinique des acouphènes de Boston, et auteur principal de l’étude, Stéphane Maison a commenté les résultats de ses recherches au micro de Radio France : « On s’est aperçu que chez ces (patients, ndlr) normo-entendants, ceux qui avaient des acouphènes avaient une perte significative de fibres du nerf auditif. » Une perte non détectée par les tests auditifs conventionnels. Les chercheurs ont également observé une hyperactivité du tronc cérébral causée par l’atteinte du nerf auditif chez les patients normo-entendants souffrant d’acouphènes chroniques. Celle-là même qui causerait les acouphènes.
Comprendre l’origine biologique des acouphènes inexpliqués pourrait permettre de faire avancer la recherche pour la découverte d’un remède afin de réparer le nerf abîmé, espèrent les auteurs de l’étude.
Les acouphènes concernent 10 à 15% de la population adulte mondiale. Chez 2 à 4% d’entre eux, leur perception peut avoir des conséquences néfastes telles que le manque de sommeil, l’isolement social, l’anxiété ou la dépression.