Les deux tiers des audioprothésistes favorables à la création d'un Ordre professionnel
Les audioprothésistes plébiscitent la création d'un Ordre professionnel : une large majorité se dit favorable à un encadrement strict des pratiques professionnelles.
Table ronde sur les défis de la création d'un ordre
Alors que l’Enseignement Post-Universitaire 2025 a ouvert ses portes ce vendredi, le Collège National d’Audioprothèse (CNA) en a profité pour rendre publics les résultats d’un sondage Odoxa pour le CNA sur les attentes de la profession en matière de régulation.
301 audioprothésistes ont été interrogés par téléphone entre le 8 et le 28 avril 2025. Il en ressort que 73 % des professionnels se disent favorables à la création d’un Ordre des audioprothésistes, qui aurait pour mission de mieux encadrer l’exercice du métier et de faire respecter la déontologie.
« La création d’un Ordre, demandée et soutenue par les audioprothésistes, apparaît intéressante pour garantir la qualité des pratiques et renforcer la confiance des patients. Je suis particulièrement heureux de voir la forte adhésion de la nouvelle génération sur ce sujet », a déclaré par voie de communiqué Matthieu Del Rio, président du Collège National d’Audioprothèse.
En effet, du côté des moins de 30 ans, des salariés et des professionnels indépendants, ce sont respectivement 82 %, 76 % et 78 % des répondants qui se déclarent favorables à la création d’un ordre professionnel.
Ordre des audioprothésistes : une cotisation de 300 € par an
« Parmi les soutiens, 82 % estiment qu’une cotisation annuelle de 300 € serait un montant raisonnable, soit 60 % de l’ensemble de la profession favorables à la fois au principe et au financement d’un Ordre », note le CNA. Ils se montrent en revanche plus partagés sur une cotisation de 400 € (44 %).
Les attentes sont fortes en matière de régulation et de contrôles. Ainsi, 61 % des répondants estiment qu’en l’état, les pratiques et autorisations d’exercer sont assez contrôlées, et 71 % que les patients ne sont pas suffisamment protégés contre la publicité trompeuse et les mauvaises pratiques.
Les répondants se disent également favorables à la création d’une instance de régulation qui aurait vocation à lutter contre l’exercice illégal (93 %), assumer des contrôles déontologiques et réglementaires (91 %), s’assurer de la sécurité et de la qualité des prises en charge (86 %), et gérer les litiges et la promotion (86 %).
La création d’un Ordre des audioprothésistes est un vieux serpent de mer. Défendu par le CNA, le Syndicat des Audioprothésistes et la Fédération Nationale des Étudiants en Audioprothèse, il a fait l’objet d’un projet de loi déposé à l’Assemblée nationale en février par le député du Maine-et-Loire François Gernigon.
Le Synea opposé au projet
Certains acteurs du secteur s’étaient en revanche montrés réticents à la mise en place d’un tel ordre. Le Synea (Syndicat National des Entreprises de l’Audition) s’est déclaré opposé à ce projet. « Nous pensons qu’un Ordre des audioprothésistes ne servirait à rien pour lutter contre les fraudes, puisque l’Assurance maladie a déjà le pouvoir d’intervenir, pouvoir qui a encore été renforcé par le PLFSS [Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale] 2025. Aidons plutôt l’Assurance maladie à faire son travail », avait déclaré Benoît Roy, son président.
L’organisation professionnelle réunissant les patrons des grandes enseignes d’audioprothèse avait regretté dans un communiqué de ne pas avoir été consultée au préalable sur la question, arguant que la création d’un tel ordre exigerait des ressources financières, du temps et de l’énergie de la part des professionnels, qui « devraient avant tout être consacrées aux patients ». Le Synea disait craindre notamment que la cotisation due par chaque audioprothésiste soit élevée.