Démission du ministre de la santé : les négociations du 100% santé en berne ?

Après la démission d'Aurélien Rousseau le 20 décembre dernier, son successeur, Agnès Firmin Le Bodo, fait déjà face à un scandale. La valse des ministres de la santé laisse des dossiers en suspens, dont celui du 100% santé.

La rédaction, publié le 02 janvier 2024

Démission du ministre de la santé : les négociations du 100% santé en berne ?

Aurélien Rousseau a démissionné de son poste de ministre de la santé dans la journée du 20 décembre 2023 en réaction au vote de la loi immigration au Parlement. Il déplorait notamment la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME). Il a expliqué dans une interview accordée au Monde que “cela touchait aux murs porteurs” et qu’il lui était “cliniquement impossible d’expliquer ce texte“.

Agnès Firmin Le Bodo, qui était chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, a été nommé pour assurer l’intérim. Cependant, à peine entrée en poste, elle fait face à une controverse pour des cadeaux qu’elle aurait reçus du Laboratoire Urgo, pratiques interdites par la loi anti-cadeaux.

Les Libéraux de Santé (LDS), qui regroupent les 10 principaux syndicats représentatifs de professionnels de santé libéraux, dont le SDA (Syndicat des Audioprothésistes) “regrettent la démission d’Aurélien Rousseau en qui ils avaient trouvé un partenaire engagé et ouvert au dialogue.”

Car pour les partenaires sociaux et les professionnels de santé, ces incessants changements sont une source d’instabilité et d’immobilité difficile à encaisser. L’APH (Action Praticiens Hôpital) s’insurge ainsi “Ce ministère en est à son troisième ministre en un an et demi ! Quand cela va-t-il s’arrêter ?

Un départ avec des dossiers en suspens

Le Sda (Syndicat des Audioprothésistes), le Synea (Syndicat National des Entreprises de l’Audition), le Synam (Syndicat national des centres d’audition mutualistes) et le CNA (Collège National d’Audioprothèse) négocient encore actuellement certains termes de l’accord du 100% santé avec ce ministère, ainsi que la réingénierie du diplôme d’audioprothésiste et les moyens de la lutte contre les fraudes dans le secteur.
La création d’un Ordre des audioprothésistes était également dans les cartons. 

Or la valse des ministres de la santé risque de durer. A peine nommée en remplacement d’Aurélien Rousseau, Agnès Firmin-Le Bodo, s’est retrouvée immédiatement confrontée à des allégations graves.

Agnès Firmin-Le Bodo face au scandale Urgo

La ministre, auparavant pharmacienne, est impliquée dans une controverse liée à la réception présumée de cadeaux de la part du Laboratoire Urgo. Ces allégations concernent une période allant de 2015 à 2020, durant laquelle Agnès Firmin-Le Bodo exerçait en tant que pharmacienne au Havre. Ces révélations posent des questions éthiques et légales.

En réponse aux accusations, Agnès Firmin-Le Bodo a adopté une position prudente, en privilégiant le dialogue. L’enquête s’inscrit dans le cadre plus large d’une affaire où le laboratoire a déjà été sanctionné par une amende conséquente pour des pratiques similaires. L’autorité de la concurrence et de la répression des fraudes a révélé enquêter sur de nombreux dossiers dans la région de Normandie.
Cela suggère que les implications de ces allégations pourraient s’étendre bien au-delà d’un seul individu, et bien au-delà de la nouvelle ministre de la santé.